La billetterie du « seule en scène »
La résonance des ailes mémorielles.
Jean-Pierre Sainton et notre poétissetoire dé-coloniale
Performance de recherche-création de Karine Bénac
Chercheuse-artiste
Cie Kré-Ambule/ Université des Antilles, Martinique.
Regard extérieur : Bruno Giroux.
Coaching vocal et scénique : Monique Jeannest.
Montage son : Karine Bénac.
Crédit Mastering : Israël Rinaldo
Crédit photo : Bruno Giroux
Descriptif du projet :
Source des entretiens utilisés :
– Entretien réalisé dans le cadre de l’ANR Histinéraires, Pointe-à-Pitre, 28/11/2015, Archives de la recherche et phonothèque de la médiathèque SHS de la MMSH, enquête n°5195.
http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-20214301443827810
– Regards sur l’histoire. Autour de la question coloniale – Mémoire coloniale comparée : Antilles -Algérie, Les rencontres culturelles de la BU 2016-2017, Benjamin Stora, Jean-Pierre Sainton.
http://www.manioc.org/fichiers/V17084
– Interview audio Laméca. Recueil des Mémoires de 1967. Jean-Pierre Sainton, 2019.
– Titre « Mé 67 », auteur-compositeur et interprète : Jean-Pierre Sainton.
Provient du disque vinyle « Solèy ka lévé » de l’AGEG :
https://www.discogs.com/fr/release/8666126-Soley-Ka-Leve-Se-Timoun-La-An-No
Autre source : Lucien Febvre, Le Problème de l’incroyance au XVIe siècle , La religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, 2003. Extrait p. 367-369 lu par Bruno Giroux.
Á Juliette Sainton, dont le soutien m’a été si précieux.
Mes remerciements à celles et ceux qui m’ont accompagnée : Philippe Archain, Magali Bouchon, Véronique Ginouvès, Bruno Giroux, Monique Jeannest, Morgane Le Guyader, Gustav Michaux-Vignes et Laméca, Suzanne Néro, Jessica Pierre-Louis, Manioc la Bibliothèque numérique de l’Université des Antilles, Jonaëlle Paisley et les étudiant.e.s de la L3 Arts (Faculté des lettres de Martinique, UA), Céline Paringaux, Audrey Segard, Pascal Silveri.
Cette performance investigue la résonance (Hartmut Rosa) déployée, suggérée, chantée, incarnée, entre le travail d’historien de Jean-Pierre Sainton, militant guadeloupéen et professeur d’histoire contemporaine à l’Université des Antilles, disparu en août 2023, questionnant notamment la « décolonisation improbable » (titre d’un de ses ouvrages), et l’œuvre performative, poétique, picturale de Karine Bénac, chercheuse-artiste issue de l’immigration algérienne par son père (danseur, chorégraphe), de la Réunion par son grand-père maternel engagé dans le 16e régimentdes Tirailleurs Sénégalais, et marquée par des années de vie en Guadeloupe dès l’adolescence. Notre amitié s’est nouée en 2003, année où nous avons ouvert ensemble le Département Pluridisciplinaire de Saint-Claude, devenu l’actuelle Faculté Roger Toumson. Au fil d’une installation travaillant « le tissu de la fabrication humaine » (J-P Sainton) et s’appuyant sur des archives sonores, mes états de corps/productions artistiques/archives personnelles de chercheuse-artiste au « métissage invisible » et à l’histoire professionnelle et personnelle traumatiques, rencontreront la mémoire de cette amitié, de cet engagement, de ce rayonnement, de cette transmission, de cette absence redevenue présente, pour en déployer les potentialités poétiques, musicales, kinesthésiques, voire synesthésiques.
Le propos, d’ordre esthétique, mémoriel, politique, épistémique, féministe, enquêtera dans la sensorialité depuis le point de vue de la colonisée1 autour de nos mémoires coloniales entremêlées (guerre d’Algérie, mémoire de l’esclavage), de nos imaginaires imbriqués pour écouter/faire entendre les non-dits subjectifs et corporels des histoires/de l’Histoire ; pour faire résonner dans la transdisciplinarité nos corps, nos spiritualités, nos héritages coloniaux et nos luttes contre la colonialité. Que fait le déni – étatique, sociétal, familial, individuel – des faits historiques coloniaux/des origines/des identités à nos corps, à nos mémoires, à nos rencontres, à notre enfance ?
Comment les états de corps/ les dits poétiques au féminin peuvent-ils recevoir l’Histoire dite par l’historien ? Quelle autre Histoire produisent-ils ? Que font-ils au discours historique ? Et vice-versa ? Quels savoirs autres, corps, peinture, parole poétique produits par une femme peuvent-ils engendrer par ces actes de superposition et d’enchevêtrement : corps, opacité (Glissant) et autofiction constituent-ils un contre-discours historique ? Une forme de militantisme poétique ? Une exposition dé-coloniale nous racontant une poétissetoire ?
1- « En sachant qui nous sommes, nous commençons à comprendre les mécanismes de colonialisme, d’oppression, etc., qui nous affectent et nous conditionnent tous. Nous sommes tous colonisés et colonisées. Nous ne pouvons pas parler des colonisés de l’extérieur. » Silvia Rivera Cusicanqui, entretien par Pascale Absi, 2007, « Décoloniser la sociologie et la société », Journal des anthropologues, 110-111, p. 1-11.